Une population perçue dans sa complexité comme totalité vivante, évolue et de là précisément, toujours s’évertue à demeurer la même dans les circonvolutions historiques de sa trajectoire singulière. Toujours, bon an mal an, elle s’actualise enterrant si besoin ce qui ne lui est plus de quelconque utilité pour se saisir de nouvelles opportunités, projections et perspectives. Il est bien arrivé que d’aucuns se proposent, à un moment, de saisir ce qui semble relever de “ l’esprit d’un peuple ” soit ! L’exercice serait délicat mais aurait son intérêt.
Cependant, un esprit, encore moins celui d’un peuple, ne s’appréhende pas au mieux comme une chose bornée dans un temps, un espace géographique ou encore dans une typologie démographique.
En un mot, une population est bien plus caractérisée par la diversité des expressions de sa vitalité, par quelque moyen que ce soit persistante, que par la hantise, le tourment d’un « remplacement » pour des types, mœurs supposés disparus ou en voie de l’être. On la sert donc mieux en se félicitant de ce qui persiste à s’y maintenir, de générations en générations, dans des transformations. Il en est de même pour toute population qui vit, s’adapte et change sans pour autant se réduire à tel ou tel trait particulier qui, d’être altéré, augurerait de la ruine et du remplacement du tout.
S. Raymond Aïgba