Faire ou rendre justice n’est pas une donnée objective, ce n’est pas un simple fait descriptif. C’est une élaboration sociale, au sens large d’être une fabrique, une production humaine bien étrange certes, mais nécessaire. La justice ne répare pas, surtout elle ne venge pas. De l’inacceptable, de l’insoutenable, elle ne fait pas un “ non-advenu ”. Elle vient toujours après l’incendie, après sa propre et douloureuse défaillance ; mais à vrai dire, après nos négligences… Elle vient donc après, instaurer les voies nouvelles d’une reprise préservant ce qu’il reste à faire, ce qu’il reste à vivre.
La justice constate les torts, condamne les fautes et reconnaît les lésés. Elle ne revient jamais sur tout ceci autrement que par les moyens et les voies que lui permettent les diverses parties afin que soit préservé ce qu’il reste à préserver de vie commune et meilleure pour tous. La justice ne répare pas, elle est bizarre… Elle ne donne pas, elle demande. Elle estime toujours pouvoir demander à ceux qui en appellent à elle de continuer à vivre, promettant que d’être passée, comme elle a pu, les choses iront désormais mieux.
Qu’elle vienne à se tromper – et ça arrive – et qu’on lui en tienne rigueur et le péril est grand pour tous !
S. Raymond Aïgba