L’expression primitive des règles.

L’expression des normes elle-même obéit à un développement. Ce qui fait généralement que la forme de leurs expressions premières peut être très différente de celle de leurs expressions plus tardives. Il se passe, en général, que de l’une à l’autre la règle passe de son caractère de « donnée absolue » à sa réalité d’outil au service de qui sait la mettre en application. On commence, ainsi, à enseigner à l’enfant en cours d’apprentissage, à un niveau donné de sa maitrise des opérations arithmétiques, que l’on ne soustrait pas 5 de 3 ; ceci avant qu’il n’en vienne à pouvoir opérer avec des entiers relatifs.
 
On lui dira aussi, prétendant lui donner une bonne éducation, qu’il ne faut pas mentir, qu’il faut obéir, ne pas taper ou insulter. Tout cela s’entend naturellement pour éduquer l’enfant. Cela contient même l’ordre de sa nécessité. En revanche, il tombe sous le sens que la norme comme « donnée » n’est plus convenable à mettre en application comme telle par un adulte. Lui aura plutôt tout intérêt à s’en servir comme d’un outil dont il aura appris à… et saura faire la mise en application critique.
 
Ainsi donc, tout comme il peut paraitre nécessaire, à un moment, d’exprimer comme une « donnée » les règles à l’enfant, il est crucial, le moment venu, d’instruire l’adulte, le citoyen à un rapport non infantile aux règles ; et même à la loi.
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S. Raymond Aïgba

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